Sandrine Cnudde

Ode zoulouboucq
(une sorte de rêve de Boucq)

Il y avait
deux amis l’un
prédisait la pluie
l’autre demandait
à quelle distance
commence le ciel

Il y avait
deux amis l’un
portait un masque rituel
à tête de cerf
l’autre faisait cavaler
– à la voix sur la plaine rase –
des nuages ruminés

Il y avait
deux amis l’un
sur les rails devant la locomotive
posait des lettres a, b, c…
en attendant quelles lumières l’autre
verrait à travers ce lettrail d’écrabouille

Il y avait
deux amis l’un
parlait l’autre
se terrait

Il y avait
deux amis ils respiraient
chacun leur tour
une fois sur deux comme
on prend des nouvelles
de nos chiens

Il y avait
deux amis l’un
allongeait des topographies
l’autre émoulait des liaisons

Il y avait
deux amis l’un
présidait à la pluie
l’autre faisait
feu de brins d’ils

Il y avait
deux amis l’un
a cru sur sa colline de trait
l’autre se relevait
doucement avec la forêt

Des roulements il y avait
entre les deux amis
des roulements d’alphabets
d’alphabets zoulouboucq à faire se
dérouler des peaux et des peaux démesurées
sur les os des livres
de sorte que
un certain nombre d’années avant leur mort
des constellations se donnaient des noms entre elles
secrètement
ainsi le ciel se mettait à distance de noms

et alors il avait deux
il y avait deux cents
il y avait deux cent mille amis
qui s’engageaient parfois ensemble
sur une terre où ils n’étaient pas nés.